Le coeur n’est rien d’autre qu’une pompe qui fonctionne à l’électricité. Cette pompe est dotée d’une batterie principale et de batteries de secours et de fils électriques (à ne pas confondre avec les filles électriques d’Alain Souchon). Cette batterie principale située dans la partie haute de l’oreillette droite, envoie en moyenne 60 impulsions électriques par minute, qui vont déclencher autant de battements cardiaques. Cette batterie est régulée par notre système nerveux autonome. Ce système est comme la pédale d’accélérateur, et nous avons le pied dessus, instable. Si bien que sans cesse, le coeur accélère, ralentit, accélère, ralentit, accélère… C’est ce phénomène de variabilité sinusale qui permet la cohérence cardiaque.

Poursuivons. L’impulsion, donnée par la batterie principale (appelée noeud sinusal), telle l’étincelle de vie à l’origine de l’Univers, cette impulsion électrique se propage à travers les oreillettes de cellules en cellules pour entraîner leur contraction. Comme si des milliers de voitures empruntaient des petites routes de campagne, avant de s’engager sur l’autoroute par une bretelle d’accès. Cette bretelle d’accès qui est aussi une batterie de secours (en cas de défaillance du nœud sinusal) s’appelle, puisqu’elle est située entre les oreillettes et les ventricules, le nœud atrioventriculaire. De ce nœud partent des fils électriques qui mènent directement le courant électrique vers les ventricules afin de les faire se contracter. Comme si les voitures se retrouvaient sur une autoroute allemande sans limitation de vitesse.

Le nœud sinusal envoie entre 60 et 80 impulsions par minute au repos. Lorsque l’on fait un effort, le système nerveux autonome appuie sur l’accélérateur et la fréquence cardiaque augmente alors. Le noeud atrioventriculaire envoie entre 40 et 60 impulsions par minute et est incapable d’accélérer à l’effort, les batteries de secours entre 20 et 40 impulsions par minute, suffisantes au repos, mais insuffisantes pour le moindre effort. Il arrive que la batterie principale (le nœud sinusal) tombe en rade, la batterie secondaire (nœud atrioventriculaire) prend le relais, elle peut aussi dysfonctionner. Elle sera alors relayée par les batteries de secours du faisceau de His. Il arrive aussi que les fils électriques soient coupés. Si vous m’avez bien suivi, vous avez compris que les oreillettes et les ventricules sont liés et que les unes (les oreillettes) entraînent les autres (les ventricules). Si les fils électriques entre oreillettes et ventricules se coupent, le nœud sinusal va entraîner les oreillettes, mais l’électricité n’arrivera pas aux ventricules. Ceux-ci seront alors stimulés par les batteries secondaires. Nous assistons alors à une désynchronisation entre les oreillettes qui battent entre 60 et 80 battements par minute et les ventricules qui eux ne battent plus qu’entre 20 et 40 battements par minute. Les unes se désolidarisent des autres. La pompe fonctionne alors inefficacement.

Qui est le responsable de ces dysfonctionnements ? Certains médicaments, notamment les bêta-bloquants, et certains inhibiteurs calciques comme le Vérapamil, ou des antiarythmiques (Amiodarone, Flécaïne…), il existe également des bêta-bloquants utilisés en goutte pour les yeux qui passent dans le sang. La recherche du coupable devra donc être systématique. Quand on ne peut accuser un traitement, il faut se tourner vers le plus vicieux des responsables, celui face auquel nous sommes à peu près égaux : le temps. Le vieillissement peut occasionner de tels désagréments. Dans certains cas, une infection cardiaque peut déclencher de telles conséquences.

Comment traiter ces pannes ?

S’il s’agit d’un traitement, on l’arrête et on surveille le patient. Il arrive que tout rentre alors dans l’ordre, contre-indiquant cependant la reprise du traitement. Si ce dernier est cependant indispensable ou si la panne est permanente en raison de l’usure du temps ou d’une infection, il faut pallier cette insuffisance de battements en implantant un Pace-Maker.

Véritable ordinateur implanté sous la peau, muni d’une, deux ou trois sondes reliées au coeur (dans l’oreillette droite, le ventricule droit, le ventricule gauche, au choix), le Pace-Maker est un véritable ange gardien. Il est là pour se faire oublier. Il écoute en permanence le coeur. On le programme pour se déclencher en dessous d’une certaine fréquence cardiaque. S’il détecte que le coeur bat en dessous de cette fréquence, immédiatement, il envoie des stimulations électriques dans la bonne cavité (oreillette ou ventricule) pour entraîner le coeur à la fréquence programmée. Il est capable de détecter quand son porteur fait un effort, pour accélérer le coeur à la bonne vitesse.

Le Pace-Maker est sensible aux champs magnétiques, ainsi tout porteur bénéficiera d’une fouille corporelle dans les aéroports afin d’éviter le portique de sécurité. Les portiques antivols dans les magasins et autres supermarchés sont inoffensifs, mais on évitera de rester sécher à côté. Le porteur se verra interdit de cuisine en cas de plaque à induction, mais pas de vaisselle ! Les fours à micro-ondes sont maintenant bien isolés. Néanmoins, par sécurité, on conseillera au porteur de Pace-Maker de ne pas rester faire le pied de grue devant l’appareil en attendant le réchauffement non pas climatique mais de son plat. La soudure à l’arc est interdite. Les nouveaux Pace-Maker sont compatibles avec les IRM, à condition de procéder à un réglage avant/après. Pour les téléphones portables, il conviendra de téléphoner avec l’oreille du côté opposé au Pace-Maker et d’éviter de remiser son téléphone dans une poche poitrine, mais plutôt à la taille. Vous savez à peu près tout sur le Pace-Maker dit PM.