La Covid 19 tue essentiellement par l’embolie pulmonaire et la myocardite.

Une fois que nous l’avons découvert, nous avons pu diminuer les complications thromboemboliques (phlébite et embolie pulmonaire) et donc les décès par un traitement anticoagulant préventif et précoce. Pour ce qui est des myocardites, hélas, nous sommes encore loin d’être aussi efficace. Mais la lutte continue.

Parlons de veine, pas de chance, mais de veine.

Les veines sont les tuyaux qui ramènent le sang, dont l’oxygène a été consommé par les muscles et les organes, vers le coeur d’où il sera propulsé vers les poumons pour être rechargé en oxygène. Ces tuyaux (pour ce qui concerne les membres inférieurs) ont des valvules, des clapets anti retour qui aident le sang à remonter vers le coeur. En effet, les artères bénéficient de la force de contraction du coeur et de leur élasticité pour propager le sang à travers elles. Les veines quant à elles ne peuvent compter que sur la gravité pour la partie supérieure du corps et sur la contraction de nos muscles de jambes et de cuisses pour chasser le sang vers le coeur, le précieux liquide étant retenu à la force de nos valvules. Deux réseaux veineux en parallèle, un profond qui draine 70% du sang veineux, un superficiel qui draine quant à lui, les 30% restant. Le surpoids, la sédentarité, les vêtements moulants, les jambes croisés, le sel, l’alcool, le tabac, la malbouffe, la constipation, les contraceptifs oraux, la chaleur, les grossesses contribuent à altérer le fonctionnement de nos veines superficielles. Elles se dilatent alors provoquant les fameuses et disgracieuses varices. Ces gros cordons bleus (faut-il y voir un lien avec ce monument de la gastronomie française ?) qui viennent défigurer nos jambes et causer des lourdeurs/douleurs de nos membres inférieurs. Si c’est moche, mais surtout si ça fait mal, il convient de les boucher ou de les enlever. Notez que les varices concernent les veines superficielles des membres inférieurs.

Intéressons nous maintenant au raiseau profond.

La principale complication des veines profondes est leur inflammation qui conduit à la formation d’un caillot qui vient obstruer la veine. On parle alors de phlébite ou de thrombophlébite. Cette atteinte est favorisée par plusieurs facteurs : une immobilisation prolongée (par exemple après une fracture ou lors de voyage prolongé en train ou en avion sans lever ses fesses du siège), une anomalie génétique de la coagulation, induite par un cancer, une infection (comme la Covid-19), la consommation de tabac (surtout associée aux contraceptifs oraux) et une altération de la paroi des veines (traumatisme, chirurgie, diabète, inflammation chronique…). Lorsque ces facteurs sont combinés, le risque de développer une phlébite est alors explosif. La phlébite provoque alors une grosse jambe inflammatoire et douloureuse, dont le traitement impose le port de bas ou collants de contention, associé à un traitement anticoagulant pour fluidifier le sang, dissoudre le caillot et empêcher sa réformation pour une durée de 3 mois si la cause est supressible (grossesse, fracture, voyage en avion…), bien plus si la cause persiste (cancer actif, maladie inflammatoire chronique, anomalie génétique de la coagulation…). Mais le plus grave dans tout cela, c’est la complication à laquelle la phlébite nous expose…

La fameuse embolie pulmonaire.

Il arrive qu’un morceau plus ou moins gros du caillot né dans la veine se décroche et suive le cours de l’eau. « Tout le long, le long, le long de l’eau, coule, clouée, coule le ruisseau de mes pensées ». Le diamètre des veines augmente jusqu’à l’oreillette droite. Le caillot migrant ne rencontre aucun obstacle, continue sa route à travers le ventricule droit, le quitte par l’artère pulmonaire dont le diamètre ne fait, quant à lui, que diminuer. Il diminue jusqu’à ce qu’il devienne trop petit pour le caillot ce dernier entraînant une obstruction de l’artère pulmonaire droite et/ou gauche, créant alors l’embolie pulmonaire. Notez que l’embol peut être constitué comme ici de caillot, de graisse (dans les fractures du fémur), de liquide amniotique (accouchement), de gaz. L’embolie pulmonaire s’exprime de façon variable. Elle peut passer complètement inaperçue lorsque le caillot est minuscule, on la découvre alors fortuitement à la faveur d’un angioscanner pulmonaire. Dans les cas extrêmes elle peut conduire brutalement au décès. Entre les deux, toutes les formes existent, minime, modérée, moyenne, grave, sévère, unilatérale, bilatérale, etc… Le traitement est le même que pour la phlébite, à condition que la nature de l’envol soit bien évidemment un caillot. Le caractère suppressible ou non de la cause conditionne là aussi la durée du traitement. La survenue d’une embolie entraîne une augmentation de la pression de l’artère pulmonaire, cette brutale augmentation met le ventricule droit à genou. Heureusement il en a vu d’autres et si l’embolie est soignée rapidement, le ventricule droit renaitra de ses cendres, tel le phénix.

* déficit en protéine S, C, antithrombine 3, résistance à la protéine C activée, mutation du facteur V Leiden, du facteur II…